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qui avaient plus de fonds que d’apparence. Il nous connaissait mal, et quand on en vint à l’épreuve, on s’aperçut que les Français étaient les meilleurs alliés, les meilleurs enfants du monde. Louis XVI d’ailleurs, avec une admirable délicatesse, avait arrangé toutes choses pour éviter que les Français ne se fissent pas trop valoir. Néanmoins, pour adoucir les frottements, il était sage d’avoir quelqu’un parlant français qui fût l’intermédiaire entre les deux armées. Ce rôle fut donné à Hamilton, qui, par sa gaieté, sa franchise, ses manières chevaleresques, plut singulièrement à l’armée française, et en resta l’ami jusqu’à la fin.

Ce ne fut pas seulement de cette façon qu’il servit Washington. Le général avait une correspondance de tous les instants avec chacune des colonies ; il lui fallait un secrétaire qui lui préparât ses réponses. Ce rôle de confiance fut donné à Hamilton, et, parmi les lettres de Washington que nous possédons, il y en a certainement un grand nombre qui ont été rédigées par Hamilton.

C’est ainsi que de vingt à vingt-cinq ans il ne quitta pas Washington d’un seul instant, et qu’il s’établit entre ces deux hommes une affection qui ne se démentit jamais.

En 1780, il s’éleva entre eux un nuage, comme il y en a quelquefois entre les meilleurs amis. Washington, qui était très-difficile sur le respect qu’on lui devait, se plaignit que son aide de camp l’eût fait attendre dix minutes sur un escalier. Il y eut un froissement entre eux, à la suite duquel Hamilton pensa qu’il valait mieux se