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Français une autre redoute. M. de Viomesnil, avec cette confiance qui fait la force des Français, mais qui les rend quelquefois désagréables, même à leurs alliés, demanda à La Fayette comment il comptait emporter sa redoute. À la baïonnette, répondit La Fayette. M. de Viomesnil sourit. Hamilton enleva la position et entra le premier dans la redoute. Quand elle fut prise, La Fayette, avec sa malicieuse bonhomie, envoya le colonel Gimat à M. de Viomesnil pour lui demander si les Américains, qui n’avaient plus rien à faire, ne pourraient pas être utiles aux Français qui n’avaient pas terminé leur besogne. — Remerciez M. de La Fayette, dit M. de Viomesnil, et dites-lui que dans cinq minutes nous serons dans la place.

Cinq minutes après, elle était prise.

Hamilton se trouva à la fois l’homme de confiance du général La Fayette et de Washington, le trait d’union entre l’Amérique et la France. Lorsque la France envoya des soldats en Amérique, la grande préoccupation de Washington était de savoir comment ces soldats pourraient marcher avec les milices américaines. C’était un noyau d’excellentes troupes, bien payées, bien nourries ; plusieurs des officiers qui les commandaient avaient fait la guerre de Sept ans, et ces troupes allaient se trouver côte à côte avec l’armée américaine, qui ne brillait ni par la richesse des officiers ni par la régularité des manœuvres : mal vêtue, mal nourrie, mal équipée.

Washington craignait que ces officiers venus de Versailles n’eussent quelque dédain pour ses soldats,