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Congrès. L’auteur réclamait avec force le droit inaliénable des colonies : Représentation, Vote de l’impôt, Jury : c’était le thème obligé ; mais de plus il appuyait sur la nécessité de favoriser le développement de l’industrie, afin de se passer de l’Angleterre ; et, à une époque où le coton n’était pas travaillé en Amérique, la brochure signalait la culture du coton comme devant enrichir en deux ans les provinces méridionales, et permettre aux colonies de se passer de la métropole.

Ce pamphlet, écrit avec tant de sagesse par un homme qui anticipait l’avenir, fut attribué à M. Jay, le chef du parti modéré à New-York. Ce n’était cependant pas M. Jay qui l’avait écrit. Le Vengeur du Congrès, comme on appela l’auteur de la brochure, cet esprit si mûr, était encore sur les bancs de l’école : c’était Alexandre Hamilton, qui avait dix-sept ans.

L’année d’après, en 1775, quand on apprit la nouvelle de l’engagement de Lexington, la première rencontre où coula le sang américain, Hamilton ne pensa plus qu’à la guerre ; il lui sembla tout simple d’organiser dans son collège une compagnie. La troupe prit un beau nom, celui des Cœurs de chêne. On eut un habit vert, un chapeau de cuir, et pour devise : Liberté ou la mort ! Combattre de la parole, de la plume ou de l’épée, ce fut toute la vie d’Hamilton.

Au mois de mars 1776, Hamilton était capitaine dans une compagnie provinciale. Vous savez qu’il y avait alors l’armée continentale, entretenue par le congrès, et les troupes provinciales organisées par chaque colonie. Hamilton se trouvait donc, à dix-neuf ans, ca-