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glaise et reconnaître que la volonté du roi faisait loi ? « Oui, disaient les uns ; non, disaient les autres ; le roi ne peut vouloir autre chose que ce que veut la loi », si bien que quand le roi avait fait quelque chose de contraire à la loi, le parlement, sous prétexte que la volonté du roi avait été surprise, déclarait l’acte nul.

Cela dura ainsi jusqu’à la fin de la monarchie. Je me rappelle à ce propos qu’il y a quelques années je publiai, avec M. Dupin, les Institutes coutumières de Loisel. M. Dupin se fit un plaisir d’en présenter le premier exemplaire au roi Louis-Philippe, qui était un prince très-instruit, et qui dit en recevant le livre : « Je connais cet ouvrage ; c’est là que se trouve le fameux adage : Si veut le roi, si veut la loi ? — Oui, sire, répondit M. Dupin, qu’on ne prend jamais à court, mais regardez le commentaire. » Le commentaire disait que la volonté du roi ne peut être que la loi. Cette anecdote résume notre ancienne histoire. Le peuple faisait le commentaire, mais les rois ne regardaient jamais que le texte.

Qu’a fait la révolution ? Qu’a-t-elle entendu par le mot de constitution ?

Dans le grand mouvement politique qui se produit en 1789, nous pouvons distinguer des courants divers. Il y a un courant anglais, dans lequel se jettent tous ceux qui veulent établir un gouvernement à peu près semblable à celui de 1814, réunir le clergé et la noblesse dans une chambre, et fonder une monarchie constitutionnelle. C’est Mounier, Lally-Tollendal, Malouet, honnêtes gens qui aiment la liberté et qui voudraient éviter un bouleversement.