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tion à laquelle la fortune me condamne ; je risquerais volontiers ma vie, mais non pas mon honneur, pour élever ma position. Je ne suis pas philosophe ; on peut dire que je fais des châteaux en Espagne, mais souvent le rêve devient la vérité quand le rêveur a de la constance. Je voudrais qu’il y eût une guerre[1]. »

C’est bien là le rêve d’un enfant qui cherche l’inconnu tout en apprenant la tenue des livres, talent modeste qui, disons-le en passant, devait servir plus tard au premier ministre des finances qu’aient eu les États-Unis.

Convaincu qu’on ne peut s’élever que par l’étude, Hamilton prenait sur son sommeil pour se donner une éducation complète. Les mathématiques, la chimie, la littérature, l’histoire, tout intéressait cet ambitieux de douze ans. Il montrait une telle facilité qu’on s’intéressa à lui ; ses parents, ses amis pensèrent qu’il serait bon de l’envoyer en Amérique, sur le continent, pour y achever ses études.

Ce fut en 1772, à l’âge de quinze ans, qu’il arriva dans la Nouvelle-Jersey. Il était Américain de naissance, et, dans la guerre de l’indépendance, toutes les Antilles anglaises faisaient des vœux pour la cause commune ; mais il n’était pas Américain du continent. Ce fut là, pour lui, une cause de défaveur et de faiblesse, car il n’avait pas ces alliances puissantes et ces souvenirs du passé qui firent la fortune de gens bien au-dessous de lui par le dévouement et le génie.

  1. Hamilton’s Works, t. I, p. 525.