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constitutionnelles que j’aie jamais vue dans l’histoire.

Maintenant à côté de nos vains essais plaçons le système américain. L’Amérique a réformé paisiblement sa constitution en 1787, et il ne se passe guère d’année sans qu’un des trente-quatre États de l’Union ne réforme sa constitution, et ne nomme une convention à cet effet. Ce nom de convention qui, en France, éveille de terribles souvenirs, est là-bas d’une innocence complète. On ne s’occupe pas plus d’une convention que du comité qui va régler l’équipement d’un bataillon ou la tenue d’un comice agricole. Là-bas ce mot veut dire commission, chez nous il signifie despotisme.

Aux États-Unis, le peuple ne délègue jamais sa souveraineté, il donne des pouvoirs spéciaux ; en outre, ces pouvoirs spéciaux, il ne les délègue point aux assemblées ordinaires. La première condition, en Amérique, est que tout marche régulièrement, et que la convention chargée de faire une constitution n’ait pas autre chose à faire. Autrefois nous disions en France : « Le roi est mort, vive le roi. » L’autorité passait sans solution de continuité des mains du monarque mort entre celles de son successeur. Les Américains peuvent dire : « Chez nous, l’autorité ne meurt jamais. » L’ancienne constitution continue d’exister, le gouvernement et les chambres continuent de gouverner. Il n’y a rien de particulier qu’une émotion légère dans les esprits. Dans une ville insignifiante, qui n’est pas celle où se tient le corps législatif, comme par exemple, si vous le voulez, en France, Versailles, Tours, Poitiers, on installe une commission chargée d’examiner les modifications cons-