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était digne d’un tel hommage. On était tellement sûr du patriotisme de Washington, que sa volonté fit loi. Il eut donc un succès que n’eut jamais la force dans le monde, celui de soumettre les esprits.

Maintenant un mot sur la Convention américaine ; c’est là un des sujets les plus curieux en politique, les plus nouveaux, et, malheureusement pour nous, les moins connus en France.

Comment peut-on réformer une constitution sans bouleverser un pays ? Si l’on demandait cela à des Français, très-peu pourraient répondre ; car notre passé ne nous montre que des bouleversements. D’où cela vient-il ? Évidemment d’une erreur ; car c’est une maxime constante, que l’expérience de la vie a confirmée chez moi, que la vérité donne toujours des fruits excellents, et que l’erreur en donne toujours de mauvais. Une loi suprême, une loi divine a fait de la vérité une plante féconde qui ne peut produire que de bons grains, et de l’erreur une plante vénéneuse qui ne peut qu’empoisonner. Supposer que l’erreur peut être bonne, c’est une contradiction dans les termes ; il faut supposer une vérité qui soit désastreuse et nuisible. C’est Dieu lui-même se donnant un démenti.

Quel est le principe fondamental de la démocratie ? C’est que le peuple est souverain. Ce principe, les Américains l’acceptent plus franchement que nous ne faisons. En vertu de ce principe, ils délèguent à une assemblée le pouvoir de faire une constitution, mais ils ne vont pas plus loin. La souveraineté populaire, les Américains ne la délèguent jamais, ils la gardent pour