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en puisse penser. C’est vouloir étayer une maison qui tombe, et dont rien ne peut empêcher la ruine.

« Mais l’esprit public est-il mûr pour un pareil changement, et quelles seraient les conséquences d’une tentative, prématurée ?

« Mon opinion est que ce pays doit encore sentir et voir un peu plus, avant que ce projet puisse s’accomplir. La soif du pouvoir, cet amour d’une souveraineté bâtarde, et je dirai presque monstrueuse, qui règne en chaque État, organisera une phalange armée contre tout essai de réforme. On y verra tous ceux dont une réforme affaiblirait l’influence en affaiblissant le rôle des États. Et quand on compare le petit nombre d’hommes qui, dans un gouvernement national, seront appelés à des postes honorables ou lucratifs, avec le grand nombre de ceux qui ne peuvent espérer d’être remarqués, et des mécontents qui attendent des places, il est à craindre qu’on ne rencontre une opposition irrésistible, jusqu’à ce que la masse des citoyens comprenne la nécessité d’une réforme, comme font aujourd’hui les gens clairvoyants.

« Parmi les personnes qui réfléchissent, je crois qu’il n’en est pas une qui ne commence à penser que notre constitution est meilleure en théorie qu’en pratique. Malgré la vertu de l’Amérique, qu’on fait sonner si haut, il est probable que nous donnerons la triste preuve que les hommes ne peuvent se gouverner par eux-mêmes, sans moyen de coercition chez le souverain.

« Je voudrais cependant essayer ce que suggérera la convention proposée, et ce qu’on pourra faire suivant ses conseils.

« C’est peut-être le dernier moyen pacifique qui nous reste sans perdre plus de temps que ne le permet l’exigence des affaires.

« Dans la rigueur des principes, peut-être une convention ainsi tenue n’est-elle pas légale ? mais le congrès peut colorer la chose en recommandant la convention, sans prétendre en