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ment national ; on s’était battu sur le même champ de bataille, et de ce sang versé en commun et pour la même cause était né le peuple américain. L’idée de génie, c’était de s’adresser directement au peuple, de lui demander de se sauver lui-même. C’est ce qui fit le succès de la proposition d’Hamilton[1].

Une adresse fut envoyée à tous les États. La Virginie, — et ce nom doit rester cher aux Américains, car dans la révolution c’est toujours la Virginie qu’on trouve au premier rang, — la Virginie prit de suite son parti ; elle accepta la proposition, elle nomma des délégués, et, pour montrer l’importance de la question, elle mit au premier rang le nom de Washington. Puis, allant plus loin, l’assemblée de Virginie prit des résolutions et fit un appel au patriotisme américain. Cet appel était pressant : « Concitoyens, disait-il, voyez si vous voulez vous perdre en vous attachant à des intérêts mesquins, ou si vous voulez sauver le pays ; laissez de côté des jalousies qui vous ruinent, prenez des mesures pour que l’unité nationale soit faite, et que l’Amérique soit aussi heureuse pendant la paix que glorieuse pendant la guerre. »

Cette adresse de la Virginie fut accueillie avec défiance en certains endroits, avec faveur en d’autres. On se demandait surtout ce que ferait Washington. Il hésitait toujours, et par des scrupules qui lui font honneur.

Vous vous rappelez que, quand il avait quitté l’armée,

  1. Madison Papers, t. II, p. 703.