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pays, prétendent à l’impartialité, les modérés par excellence ; des gens qui coupent volontiers la vérité et le mensonge par moitié pour accommoder tout le monde : Oui, disaient-ils, la France a une constitution, mais on ne l’observe pas !

Les parlementaires avaient-ils raison ? Oui, à leur point de vue. Pour eux, la constitution, c’était la façon dont la France était organisée ; or, il est évident qu’à prendre ainsi la chose, il n’y a pas de société ici-bas qui, par cela même qu’elle existe, n’ait une certaine constitution. En Turquie même il y en a une, celle qui permet au sultan de disposer en maître de la vie et des biens de ses sujets ; c’est une constitution mauvaise, mais c’est une constitution. La France était alors une monarchie ; il y avait trois ordres : le clergé, la noblesse et le tiers état ; les parlementaires déclaraient que c’était là le principe fondamental de la constitution, et que le roi ni le peuple n’y pouvaient toucher. En 1776, l’année même où l’Amérique proclamait son indépendance, le parlement déclarait, à propos de l’édit des corvées, que vouloir que tout le monde payât l’impôt, c’était une atteinte portée à la constitution française, qui voulait que le clergé contribuât par ses prières, la noblesse par son épée, le tiers état par son argent. À ce dernier de supporter seul toutes les charges pécuniaires du gouvernement. En quoi on oubliait au moins que les soldats qui versaient leur sang appartenaient au tiers état.

Tels étaient les principes de la constitution française suivant les parlementaires.

Les philosophes, au contraire, entendaient par con-