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ainsi que le Maryland et la Virginie n’avaient pu s’entendre sur la navigation de la Chesapeake et des fleuves qui se jettent dans cette espèce de mer intérieure.

On pensa que les États intéressés pourraient faire un traité entre eux pour régler ces difficultés. La Pensylvanie, le Delaware avaient intérêt à la solution de cette question ; la Virginie, qu’on voit toujours à la tête de toutes les réformes, demanda en janvier 1786 qu’on fît une convention qui réglât la question commerciale. On invita tous les États à nommer des délégués, en désignant comme lieu de réunion la ville d’Annapolis dans le Maryland, et on fixa pour jour de réunion le 1er septembre 1786. On avait choisi une petite ville de l’intérieur afin d’éviter les influences locales, et on avait proposé une convention en dehors du congrès afin de ne pas éveiller de passions politiques. C’est en soi une question qui paraît de peu d’importance, qu’une question de tarifs. Mais nous savons aujourd’hui que les intérêts ont de profondes racines, et, qu’à vrai dire, politique, commerce, arts, éducation, religion, tout se tient dans la société.

On pensa que l’occasion était favorable pour agir sur l’opinion, et un des hommes qui devaient montrer le plus de fermeté et d’énergie, Jay, s’adressa de suite à celui vers lequel on tournait toujours les yeux, à Washington. Il lui écrivit une lettre dans laquelle il lui exposait la situation avec une netteté admirable, et lui demandait son concours. Cette lettre de Jay est remarquable ; elle montre quelle était la situation des