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il demanda aux deux assemblées législatives de le soutenir. Le sénat se déclara prêt à seconder le gouverneur ; la chambre des représentants hésita. En ce moment l’émeute éclata ; elle avait pour chef un certain Daniel Shays, qui avait été capitaine dans l’armée continentale. Quand on apprit dans le Massachusetts qu’une émeute armée menaçait la propriété, il y eut une inquiétude universelle. On convoqua les milices. L’émeute avorta. Commencée au mois de décembre 1786, elle était dispersée sans grande effusion de sang en février 1787. On offrit l’amnistie à ceux qui déposeraient les armes.

En somme, l’émeute n’avait pas fait grand mal ; mais c’était une leçon pour l’Amérique. On n’imaginait pas que dans un pays où tout le monde était élevé dans les principes de la liberté, on pût être aussi près de l’abîme. Le général Knox, qui fut envoyé pour étudier les choses, déclara que ce n’était pas dans le Massachusetts seulement, mais dans toute la Nouvelle-Angleterre, que le mal était aussi profond ; suivant lui, le cinquième de la population était dans un état de souffrance, on pouvait avoir un jour devant soi une armée de douze à quinze mille hommes. En face de cette révélation l’effroi redoubla. Au moment du danger on s’était trouvé sans défense, le danger pouvait renaître. L’État avait rassemblé des milices, mais une partie de ces troupes avait passé à l’ennemi. On s’était adressé au congrès : le congrès avait un instant profité de ce que les Indiens menaçaient les frontières pour demander qu’on appelât les milices de la Nouvelle-Angleterre ; mais il n’avait pas