Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/192

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion



bulente déclare qu’elle est le peuple, et on tombe sous le joug de cette minorité ; il faut la repousser d’une façon violente, et les répressions détruisent la liberté. C’est là une vérité qui est écrite en caractères sanglants dans l’histoire, les Américains n’en ont jamais douté.

En 1786, les mœurs et les sentiments étaient patriotiques en toute l’Amérique, et dans la Nouvelle-Angleterre peut-être plus qu’ailleurs ; mais il y avait ce qui reste souvent à la suite des révolutions et des guerres, une espèce de lie, qui ne pouvait se déposer. On ne fait pas une révolution sans remuer beaucoup d’idées, et dans le Massachusetts surtout, on avait remué beaucoup d’idées de liberté et beaucoup d’idées de révolution : ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Il y avait là une foule d’esprits ardents, exaltés, il suffisait d’une occasion pour que cette exaltation pût mal tourner. Quand je dis une occasion, j’entends une occasion considérable ; car, grâce à l’éducation politique des Américains, on peut dire que la grande masse de la nation avait les habitudes de la liberté. Mais quand la paix fut conclue, on se trouva dans une position critique. Il y avait des dettes énormes. Le Massachusetts, un très-petit pays, qui n’avait à cette époque que trois cent soixante-quinze mille habitants, se trouva grevé d’une dette qui, y compris ce qu’on avait emprunté, ce qu’on devait aux soldats, et la part de l’État dans la dette fédérale, n’allait pas loin de soixante-quinze millions. C’était une lourde charge, à répartir sur une population de trois cent soixante-quinze mille âmes Pour y pour-