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nation espagnole. » Dès lors on n’a jamais douté que la liberté du Mississipi ne fût nécessaire à l’Union ; aussi quand j’ai vu dans la guerre actuelle le Sud dire : « Nous garderons l’embouchure, » il m’a été facile de prévoir que l’Amérique ferait la guerre jusqu’à la dernière extrémité pour reprendre la possession de son fleuve. Ou il faut que les États de l’Ouest se réunissent au Sud, en laissant le Nord en dehors, ou il faut que le Mississipi appartienne à la confédération de l’Ouest et du Nord et que les États-Unis restent ce qu’ils sont, ce que la nature les a faits. La possession du Mississipi est pour les États-Unis ce qu’est pour nous la possession de la Seine, et plus encore. Supposez qu’à l’embouchure de la Seine il y ait un établissement anglais, et demandez-vous quelle serait la situation de la France.

Voilà où l’absence d’un pouvoir bien constitué avait réduit le congrès. C’était l’impuissance dans toutes les relations avec l’étranger.

À l’intérieur, où la faiblesse n’était pas moins grande, on se trouva bientôt dans une situation plus délicate et plus difficile encore ; on se trouva en présence d’une émeute, presque d’une révolution, et sans moyen de se défendre. Ce fut le dernier coup, et certainement ce fut là ce qui ouvrit les yeux aux Américains. Il faut donc en parler avec quelque détail, d’autant plus que ces questions ne sont pas des questions seulement américaines, elles nous touchent de près. Il est bon d’apprendre que tel et tel attribut du gouvernement ne lui a été donné qu’après de longues expériences, et