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territoires de l’Ouest, que le congrès avait songé un moment à accepter la fermeture du Mississipi, et alors ce fut dans ces provinces, qui n’étaient pas encore des États, une espèce de révolution. De toutes parts s’élevèrent les protestations les plus violentes. « Quoi ! disait-on, le congrès veut disposer de nous pour nous vendre, comme des esclaves, à ces Espagnols sans pitié ? Une assemblée qui a fait la guerre pour nous affranchir des prétentions anglaises va nous réduire à une servitude cent fois plus intolérable ? Mais l’Irlande est plus libre que nous ! »

Devant cette résistance le congrès recula. Le 16 septembre 1788, il fit une déclaration solennelle qui anéantissait toute la négociation, et affirmait que la libre navigation du Mississipi était le droit des États-Unis et qu’on le soutiendrait[1].

C’était encore une affaire où l’impuissance du congrès avait été mise au jour. Une fois de plus le peuple américain apprenait que dans les rapports avec l’étranger la force du gouvernement est la force même de la nation.

Sur cette question du Mississipi, Jefferson qui était en France écrivit à Madison. Il avait compris qu’il se formerait dans ces territoires un vaste empire, et qu’à cet empire il fallait le Mississipi. « Si vous ne leur donnez le Mississipi, disait-il, vous pouvez être sûrs que ces gens de l’Ouest se livreront à l’Espagne et peut-être à l’Angleterre pour qu’elle les aide à renverser la domi-

  1. Pitkin, t. II, p. 210.