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En 1785, avant la colonisation de l’Ouest, les Américains sentaient déjà que sans la possession du fleuve leur avenir était perdu. L’Espagne, au moment où nous parlons, était rentrée dans ses provinces du Nord. Elle avait repris les Florides et la Louisiane. Cette dernière colonie comprenait non-seulement la Louisiane actuelle, qui est à l’embouchure du fleuve, mais tout cet immense territoire qui va jusqu’à la Californie, toute la rive droite du Mississipi. Pendant cent lieues, l’Espagne se trouvait maîtresse des deux rives et de l’embouchure du fleuve ; elle avait, en outre, sur la rive droite, un territoire immense qui lui appartenait nominalement, mais qui était, en fait, dans la possession des sauvages.

Quand la paix fut faite, l’Amérique se fit céder par la Virginie et la Pensylvanie tous les territoires au delà des Alleghanys, ce qu’on nomme le Far-West. C’est un des plus beaux pays du monde. Par la fertilité du sol et l’abondance des eaux, l’Ouest est bien au-dessus des rives de l’Atlantique ; il y a là des terrains d’une richesse inépuisable, c’est là qu’est l’avenir de l’Amérique.

On se précipita sur ces territoires où la terre était à bon marché, on s’établit sur les bords de l’Ohio. Ces vallées de l’Ouest vont toutes aboutir à la grande vallée du Mississipi. Il fallait donc que les gens qui colonisaient sur les bords de l’Ohio pussent descendre jusqu’à la mer pour exporter leurs produits. Mais là on rencontrait l’Espagne qui interceptait la navigation. Les États-Unis sentirent l’intérêt qu’ils avaient dans cette