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Au mois de mars 1783, William Pitt, troisième fils de lord Chatham, se trouvait, bien jeune encore, chancelier de l’Échiquier. Il avait toujours été fidèle à la politique de son père, qui était de ménager l’Amérique ; il était aussi Américain que pouvait l’être un Anglais. En voyant une grande province comme l’Amérique se séparer de la métropole, William Pitt avait senti qu’il fallait accepter la séparation politique, puisqu’il était impossible de l’éviter, mais qu’il fallait maintenir l’union commerciale et rattacher les États-Unis à l’Angleterre, en donnant aux deux peuples des intérêts communs. Conseillé par un habile économiste, lord Shelburne, Pitt proposa au parlement de prendre une résolution qui favorisait le commerce des États-Unis ; on tendait les mains à l’Amérique. D’après ce bill, non-seulement les Anglais en Amérique et les Américains en Angleterre auraient joui des avantages des nations les plus favorisées, mais les marchandises anglaises et américaines auraient été considérées, dans les deux pays, comme marchandises nationales. Il n’y aurait pas eu plus de droits perçus en Angleterre sur les produits américains qu’en Amérique sur les produits anglais. D’un autre côté, dans les Antilles anglaises et le Canada, on aurait considéré les navires et les articles américains comme navires et articles d’Angleterre, les colonies anglaises auraient été ouvertes à l’Amérique. C’était le projet d’un homme d’État : il aurait rétabli la bonne harmonie entre les deux pays ; mais il était en avance de cinquante ans sur les idées du temps, et ne devait pas réussir. Au moment où Pitt le présen-