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Durant la guerre, le congrès avait fait des traités de commerce avec les puissances neutres ou amies. En 1778, on avait conclu un traité qui assurait réciproquement à l’Amérique et à la France le traitement des nations les plus favorisées. En 1781, au moment où la paix était assurée, où l’Angleterre se résignait à céder, on voulut négocier avec les autres puissances de l’Europe. L’Amérique n’avait été jusque-là qu’un marché réservé à la seule Angleterre. Or il était certain qu’il y avait là un grand centre commercial à créer, et que l’Europe entière, si ce marché lui était ouvert, viendrait s’y approvisionner de matières premières. L’Amérique produisait déjà du riz, de l’indigo, de la farine en grande quantité ; elle pouvait livrer du beurre, du porc, des bois de construction, des peaux de castor. C’était une situation excellente. Mais quand il s’agit de faire des traités de commerce, on se trouva dans une position singulière. Le congrès était dans l’impossibilité de contracter. Théoriquement, il en avait le droit ; mais comme les États s’étaient réservé le droit de taxer eux-mêmes leurs importations et leurs exportations, le congrès ne pouvait exécuter aucun de ses engagements. Après avoir traité avec la France, la Suède, les Pays-Bas, il ne pouvait empêcher les États de New-York et de Pensylvanie d’établir des droits différentiels sur les marchandises suédoises, françaises, hollandaises. Ses promesses étaient vaines, ses traités étaient nuls.

Après la paix, l’Angleterre profita ou, pour mieux dire, abusa de cet embarras.