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affections de toute leur vie ? Non sans doute. On le sentit en Amérique. Les États-Unis convinrent que pendant une année on laisserait rentrer les tories afin qu’ils tâchassent d’obtenir l’abolition des confiscations prononcées contre eux ; le congrès promit d’employer ses bons offices pour leur faire restituer leurs biens en nature ou l’argent qu’on avait reçu en les vendant.

Enfin, le sixième article décidait que, la guerre terminée, toute espèce de poursuites politiques serait anéantie ; que toute confiscation serait annulée, qu’il y aurait amnistie universelle.

Voilà quels étaient les articles dont l’Angleterre demandait l’exécution ; il faut lui rendre cette justice, qu’il n’y avait rien là de personnel ; elle faisait ce qu’elle devait faire. En cédant devant l’Amérique et la France, elle avait dû par justice et humanité prendre en main la cause de ceux qui lui étaient restés fidèles jusqu’à la fin. En droit la question n’était pas difficile à résoudre ; mais en fait il n’en était pas de même. Pour le comprendre, supposons qu’en 1795 ou 1796, lorsqu’on fit la paix, on eût demandé à la France de consentir au retour des émigrés et de leur rendre leurs biens. La demande eût été juste et humaine pour ceux qui n’avaient pas porté les armes contre la France, mais elle aurait soulevé de très-grandes passions. Dans les temps paisibles on comprend ces mesures de réparation, parce qu’alors la justice éblouit comme le soleil ; mais il y a des moments dans l’histoire des peuples où les passions éclipsent la justice. On en était là en Amérique. Les questions que soulevait l’exécution du traité