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protestation énergique contre cette décision de l’État de New-York ; il insista surtout sur deux points. En premier lieu, il ne voyait pas pourquoi le congrès fédéral ne représentait pas l’Amérique aussi bien que les chambres de New-York représentaient l’État de New-York ; et, si le Congrès représentait l’Amérique, pourquoi ne percevrait-il pas d’impôts aussi légitimement que l’État de New-York ?

Sa seconde raison était celle-ci, qui me paraît considérable. Tout gouvernement implique confiance. Si vous n’avez pas confiance dans le pouvoir, il n’y a pas de pouvoir. Le gouvernement dont vous vous défiez, vous le rendez impuissant à vous faire du mal ; mais, en même temps, vous le rendez impuissant à vous faire du bien ; car le gouvernement n’est qu’une force. Vous ne l’organiserez jamais de telle façon qu’il soit libre pour faire le bien, et qu’il ne le soit pas pour faire le mal. Tout gouvernement repose donc sur la confiance. Si vous ne témoignez cette confiance au congrès, disait Hamilton, l’Amérique est perdue.

La décision prise par l’État de New-York avait une gravité extrême. En ce moment la question de savoir s’il y avait une Union, si l’Amérique était, oui ou non, une nation, dépendait du mauvais vouloir d’un État. Le congrès fut donc obligé de faire un nouvel appel à l’État de New-York afin de décider la législature de New-York à ne pas tenir l’Union en échec. Le gouverneur de New-York, Clinton, était un homme distingué ; mais, au lieu de seconder le mouvement fédéral, il se retrancha derrière des questions de forme, et