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ment l’année 1784. Ce moyen ne réussit pas mieux que les autres. Du 1er novembre 1781 au 1er janvier 1786, les réquisitions s’élevèrent à cinquante millions de francs ; on reçut en tout douze millions. Dans les quinze derniers mois, le produit des réquisitions ne suffit pas même à payer les intérêts de la dette étrangère. Quant à la dette intérieure, on ne s’en occupait pas. Aussi à ce moment perdait-elle quatre-vingt-dix pour cent. Il y avait des dépenses impérieuses, nécessaires ; on ne pouvait y faire face. Les sauvages faisaient des incursions sur les territoires des États, on n’avait pas d’argent pour mobiliser des troupes et les envoyer contre les Indiens. Dans la Méditerranée, les Marocains et les Algériens insultaient le pavillon fédéral, les Américains n’avaient pas de navires de guerre pour tirer vengeance de cet outrage. L’Amérique ne pouvait même pas payer ses ministres à l’étranger. On en a la preuve par les lettres de Franklin.

Telle est la triste situation où l’on se trouvait, faute d’un gouvernement ; car ce n’était pas l’argent qui manquait en Amérique. Ce fut alors que, en 1786, le congrès se trouvant à la veille de la banqueroute, — à la veille est un mot poli, car un État qui ne paye pas les intérêts de ses dettes est en pleine banqueroute, — le congrès voulut faire un dernier appel à la nation et lui demander cet argent si nécessaire pour racheter l’honneur engagé des États-Unis. Un des membres du congrès, Rufus King, fit une adresse dans laquelle il exposait la situation et déclarait qu’on ne pouvait plus compter sur les réquisitions. C’était là un