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hommes, mais par celle des institutions. Ce congrès était composé d’un certain nombre de délégués des colonies qui arrivaient comme des plénipotentiaires pour traiter au nom de chaque État particulier. Leur autorité était donc, non pas celle de membres d’un gouvernement central, mais celle d’ambassadeurs, et vous savez ce que font les ambassadeurs quand quelque chose les embarrasse ; ils ont une parole sacramentelle : « J’en référerai à mon gouvernement. » Le congrès était donc à chaque instant obligé d’en référer aux États, qui ne l’écoutaient guère, car la révolution, en assurant leur indépendance, y avait développé en même temps une activité des plus intenses. On ne songeait qu’aux intérêts provinciaux.

Chacun de ces pays, qui sont de grands pays, avait son gouvernement à reconstituer, ses lois à modifier ; la vie locale était si animée qu’on s’occupait peu de ce qui se passait à Annapolis. Personne ne songeait au congrès. L’Amérique était dans une espèce d’anarchie fédérale, ce qui n’empêchait pas chaque État de vivre chez soi, et ce qui explique que pendant quatre ans on put supporter un régime qui, s’il eût été l’anarchie comme nous l’avons vue chez nous, n’aurait certainement pas duré aussi longtemps.

Le congrès se composait d’un petit nombre de membres, ce qui est un défaut. Chacun des États devait y envoyer sept députés au plus et deux au moins ; mais la plupart des États trouvaient qu’il suffisait de payer deux députés ; comme on votait par colonie, cela semblait n’avoir pas d’importance. Il en résultait que le