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simple particulier, qu’il se hasardait à parler avec autant d’énergie.

Vous savez qu’il ne sortit une seconde fois de la vie privée que pour rendre de nouveaux services à son pays, sur les instances des hommes les plus considérables de l’Amérique, et que, quand il accepta la présidence, personne ne pouvait le taxer d’ambition. En 1783, il pouvait donc adresser ses adieux à son pays sans arrière-pensée, comme plus tard, en 1796, il put léguer à l’Amérique, en quittant la présidence, cette adresse mémorable qui fait aujourd’hui partie du droit public de l’Amérique.

La circulaire de 1783 n’est pas moins intéressante que celle de 1796. Elle nous montre le plus beau spectacle qu’il soit donné à l’humanité de contempler, la vertu d’un grand homme.

Dans cette pièce datée du quartier général de Newburg et du 8 juin 1783, Washington commence par remercier les gouverneurs des États, déclarant qu’au moment de quitter le commandement il veut prendre congé d’eux ; qu’après tant de nuits passées sans sommeil, il croit de son devoir de donner à ses concitoyens quelques avis dans un temps où le silence serait un crime. Il ne doute pas que quelques personnes ne le taxent d’ambition, de vanité ; mais lorsque le devoir commande, il faut obéir. Le temps prouvera qu’il n’a eu qu’une pensée, celle d’être utile à son pays. Puis il montre aux Américains l’heureuse situation que la paix va leur faire. Vous êtes, leur dit-il, dans un pays que la Providence semble avoir choisi tout exprès pour être