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politique, garantie de la liberté civile, n’est pas davantage une invention de philosophes ou de rêveurs ; c’est tout simplement, pour un peuple qui vit de travail et d’industrie, le droit de faire lui-même ses affaires, d’être maître du lendemain, de n’être pas appauvri par les folles dépenses du pouvoir, ou jeté tout à coup dans une guerre qui le ruinera sans merci.

Voilà ce qu’est la liberté ; voilà l’utilité de ce régime qu’on croit flétrir en l’appelant le Parlementarisme. Voilà les vérités essentielles qu’il ne faut pas nous lasser de répéter. C’est ainsi que nous réconcilierons avec la liberté ceux qu’effraye le fantôme qu’on a baptisé de ce nom. C’est ainsi qu’en dissipant l’erreur, qui est multiple et qui divise les hommes, nous ferons triompher la vérité qui est une, qui pacifie les esprits et qui rapproche les cœurs. C’est ainsi que, fidèles aux généreux sentiments de 1789, et non pas meilleurs, mais plus éclairés que nos pères, nous ramènerons la France à des idées qu’elle a toujours aimées, et nous conduirons nos enfants à cette terre promise qu’il ne nous a été donné que d’entrevoir. J’espère que la franchise de mon langage ne blessera personne. Étranger aux anciens partis, mais dévoué de cœur et d’âme à la liberté, et n’ayant jamais servi qu’elle, c’est mon droit, c’est mon devoir de la défendre contre des amis qui la méconnaissent, aussi bien que contre des adversaires qui la calomnient. Je ne me lasserai pas de le répéter : elle est le commun profit de tous. Elle est le profit du pouvoir qui s’en défie, car seule elle lui donne force, richesse et sécurité ; elle est le profit de l’Église, qui en a peur, car seule elle lui permet d’annoncer et de pratiquer l’Évangile sans être obligée de pactiser avec un maître et de transiger sur des droits inaliénables ; elle est le profit de l’industrie et du commerce, qui trop longtemps s’en sont éloignés, car c’est elle seule qui donne la paix et l’abondance ; elle est le profit du