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lui a annoncé arrive, quand la banqueroute approche avec ses misères, alors le peuple sent la nécessité d’un bon gouvernement, et rougit d’avoir été trompé.

La proposition de Madison échoua devant la faiblesse du congrès, mais les événements en montrèrent bientôt la sagesse ; et c’est l’opinion commune aux États-Unis que cette proposition dédaignée fut le salut de l’Amérique, parce qu’elle fit comprendre la nécessité de l’Union, et qu’elle amena la Constitution.

On avait déjà fait sentir au peuple l’urgence et la nécessité de grandes réformes : d’une part, on avait décidé que l’armée serait créancière de l’Union ; on venait de proposer de créer une dette de l’Union, une dette centrale ; Robert Morris avait fondé une banque qui était la banque de l’Union, et qui tâchait de donner un moyen de circulation afin de rétablir le crédit de l’État. Tout cela n’était encore que des réformes sur le papier ; mais ces réformes menaient toutes à l’unité, à l’unité financière, à l’unité commerciale, à l’unité du gouvernement. New-York et Rhode-Island refusaient de consentir à l’établissement de droits de douane, mais ces deux États ne pouvaient plus cacher leur égoïsme sous le nom de l’intérêt général ou de la commune liberté. L’opinion demandait un sacrifice à la cause nationale. Ce sacrifice, Madison et Hamilton en avaient signalé la nécessité, et les événements montrèrent combien leurs indications étaient justes. C’est le grand service que ces patriotes rendirent au pays : on commença par s’inquiéter de leurs propositions, par les accuser d’intrigue et d’ambition ; mais ils