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quand ils savaient avoir si peu de chances de le revoir. C’étaient là les quatre catégories des créanciers américains.

C’est ici que nous allons voir quel est le danger de ne pas avoir un gouvernement constitué.

Individuellement, il n’y avait pas un Américain qui ne déclarât que cette dette était sacrée ; mais quand on arrivait aux États, cette dette de tout le monde se trouvait n’être la dette de personne. Les États renvoyaient les créanciers au congrès, qui avait, disaient-ils, le droit d’emprunter. Mais quand on emprunte, il faut payer, et les créanciers de l’Amérique commençaient à comprendre qu’on leur empruntait toujours et qu’on ne les payait jamais. C’est précisément pour relever le crédit que le congrès demandait ce droit de douane, qui eût donné satisfaction aux créanciers hollandais et français, en procurant de l’argent.

Rien n’était donc plus sage que la proposition de Madison, cependant elle échoua ; il fallait décider les États à voter, on ne put le faire, et c’est alors qu’on arriva à comprendre la nécessité de donner au gouvernement central un pouvoir financier.

C’est une remarque très-juste de Washington, que le peuple ne comprend pas les choses, ne les examine pas, mais qu’il les sent, et que, quand il les sent, alors tout gouvernement qui le gêne lui devient insupportable. Tant qu’on discute sur des théories bonnes ou mauvaises, le peuple écoute, et quand on a crié beaucoup des deux côtés, il ne sait où se tourner, et donnerait volontiers tort à tous les partis ; mais, quand ce qu’on