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honnis et réduits au silence par les séides de la tyrannie et de l’usurpation[1]. »

Cette pensée de Madison était juste et grande ; en outre Madison avait joint à sa circulaire des exemples qui montraient combien les créanciers des États-Unis étaient dignes d’intérêt, je dirai presque de respect et de reconnaissance.

On pouvait les ranger en quatre classes.

Au premier rang, figurait le roi de France Louis XVI, qui avait prêté seize millions à l’Amérique, et garanti un emprunt de dix millions en Hollande. Comme on ne payait pas les intérêts, cela mettait à la charge de la France ces vingt-six millions, sans compter l’armée de secours et la flotte que le Roi avait envoyées à ses frais, un million qu’il avait donné sur sa cassette ; sans compter encore qu’au moment où on venait de régler la dette, le roi, dans sa générosité, avait fait cadeau à l’Amérique des intérêts échus, de sorte que la dette ne portait intérêt qu’à partir de 1783.

La seconde classe de créanciers était celle des officiers qui avaient versé leur sang pour l’Amérique. La troisième classe, c’étaient tous les gens auxquels on avait, pris leurs chevaux, leurs bœufs, leurs voitures par des réquisitions, et qui se trouvaient victimes d’une confiscation, si on ne reconnaissait pas leurs droits. Puis enfin venaient les créanciers ordinaires, qui avaient montré un certain dévouement en risquant leur argent

  1. Life of Madison, p. 22.