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gence, et qui avait une connaissance profonde de la question financière ; mais, en finances comme dans tout le reste, le génie n’est pas tout. L’art du financier se réduit à deux choses : recevoir et payer. On n’a pas encore trouvé un ministre des finances qui puisse se contenter de la seconde de ces fonctions. Morris demanda en vain qu’on lui donnât de l’argent et qu’on emplît cette caisse des États-Unis dans laquelle il n’entrait rien. Toutes ses prières furent inutiles ; nul État ne voulait céder ses droits de douane au congrès.

Après deux ans de discussion et de pourparlers, on trouva une opposition, une résistance absolue dans le petit État de Rhode-Island. En même temps la Virginie, qui avait jusque-là accepté le projet, déclara qu’elle n’en voulait plus. Il semblait que donner au congrès le pouvoir de taxer l’Amérique, c’était retomber sous le joug des Anglais. On craignait de constituer un pouvoir supérieur aux États, de créer un despotisme central. Craintes chimériques, mais qui suffisaient pour qu’on ne donnât pas d’argent et que le crédit américain s’épuisât complètement.

C’est à ce moment qu’Hamilton, Madison, Ellsworth se réunirent pour présenter au congrès un nouveau projet financier. En avril 1783, ils proposèrent de mettre un droit sur les marchandises étrangères qui seraient importées en Amérique : droit spécifique sur le thé, le sucre, le café, le cacao, les alcools ; droit de cinq pour cent ad valorem sur les autres articles. Pour ménager les scrupules des États, on proposait de faire lever l’impôt par des collecteurs nommés par