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travail, troublent tous les intérêts et forcent un peuple éperdu à choisir entre une liberté orageuse et une sécurité achetée à tout prix ? Est-ce que la sécurité n’est pas le premier besoin d’une nation ; est-ce que la liberté n’est pas le premier des biens, par cela même que seule elle donne une entière sécurité ? Dans ce système d’assemblées constituantes, il y a donc une erreur. Jusqu’à présent qui donc a eu le courage de la signaler et de la combattre ?

Qu’est-ce encore que ce droit de révision assujetti aux plus étranges conditions ? Où les mandataires du peuple ont-ils pris le droit de lier leur mandant, non pas envers un tiers, mais envers lui-même ? Est-il une plus flagrante usurpation de la souveraineté ? et cependant c’est là un des dogmes que la Révolution nous a légués, et qu’en 1851 peu de gens ont osé répudier.

Ne nous laissons pas assujettir par ces ridicules superstitions ; cherchons la vérité qui seule affranchit. Proclamons la souveraineté du peuple, dans les questions d’intérêt commun, et son incompétence quand il s’agit des droits individuels ; apprenons à nos mandataires qu’ils ne sont pas d’autres nous-mêmes, et qu’ils ont des devoirs envers nous plus encore que des droits sur nous. Par-dessus toutes choses, comprenons que la liberté n’est pas un thème à déclamations, une rhétorique à l’usage des tribuns ou des ministres ; mais ce qu’il y a au monde de plus substantiel, et, pour employer un barbarisme moderne, de plus positif. Rien de plus noble et de plus grand que la liberté ; mais, en même temps, rien de plus matériel et de plus réel. C’est pour chacun de nous le droit d’être maître de sa personne et de ses biens, de prier Dieu comme il l’entend, d’élever ses enfants comme il veut, de penser, de parler, de travailler, d’agir seul ou avec les autres, sans avoir rien à craindre de la loi tant qu’il n’envahit pas la liberté d’autrui. La liberté