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pas voté en 1780 sur la question des retraites, le nouveau congrès déclara qu’il n’était pas engagé. C’est aux États particuliers qu’on renvoya le soin de régler et de payer les pensions des officiers.

L’armée était peu satisfaite de cette décision du congrès, quand, à ce même moment, les préliminaires de la paix entre l’Angleterre et l’Amérique furent signés en novembre 1782. On ne désarmait pas, on fut encore près d’une année à s’observer ; mais cependant on avait la certitude de la paix. L’armée s’inquiéta : il n’était pas douteux qu’une fois la paix signée, n’ayant plus besoin d’elle, on la licencierait. On allait renvoyer dans leurs foyers des officiers qui depuis sept ans combattaient et avaient lutté contre des misères et des difficultés de toute espèce ; on allait les renvoyer sans ressources et avec les dettes qu’ils avaient contractées au service. Probablement, comme le dit Hamilton, il y en avait un certain nombre que leurs créanciers attendaient au retour pour les jeter en prison.

Une armée ainsi menacée, et qui a le sentiment de sa force et de son droit, n’est pas facile à mener, même dans le pays où l’idée de liberté est la plus répandue. Ce que les hommes supportent le moins, c’est l’injustice, surtout quand elle est aussi éclatante. Effrayés de l’avenir, irrités de l’ingratitude du congrès, sans argent, sans crédit, sans avenir, les officiers envoyèrent à Philadelphie un certain nombre de délégués pour faire valoir les droits de tous.

Au congrès et dans le pays, l’opposition était si vive contre tout traitement annuel, que les officiers renon-