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nous relever. Elle a surpris les étrangers eux-mêmes, lorsqu’après avoir été deux fois vainqueurs en 1814 et 1815, et avoir largement rançonné notre patrie, ils s’aperçurent que, dès 1818, la France avait retrouvé son élasticité. Mais cette unité, il faut savoir en quoi elle consiste ; il ne faut pas s’imaginer que la France soit faite pour l’unité comme d’autres peuples pour la division. Il y a là une œuvre de sagesse, de calcul, qui a été faite par les gens qui nous ont précédés, et qui, peu à peu, ont donné au pays ses habitudes, et l’ont façonné tel qu’il est aujourd’hui. Au moyen âge, personne n’avait l’idée de l’unité française ; cette unité s’est formée peu à peu par l’action de la politique, du gouvernement et des mœurs. Or, il est très-bon de savoir en quoi consiste cette unité, qui nous paraît si naturelle.

Il en est de cette étude comme de celle de l’organisme humain. Quand on se porte bien, personne ne s’en occupe, sauf les médecins qui en vivent. Mais quand on est malade, on s’intéresse aux gens qui ont un mauvais estomac, une mauvaise poitrine, qui jouissent, comme on dit, d’une mauvaise santé ; on se rend compte de ce qu’il y a d’heureux à avoir un corps bien constitué, on jette un regard d’envie sur les jeunes gens qui ont l’impertinence de se porter toujours bien. Il en est de même de l’unité nationale. Nous ne nous en préoccupons pas, parce que nous la possédons. Rendons-nous compte de ce qui la constitue, nous saurons pourquoi nous nous portons bien.

Il y a au fond de toute unité nationale une force qui