Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tends le pouvoir d’exiger le concours, et de disposer des ressources des États.

« Sans cette autorité dans le congrès, sans une obéissance des États plus ponctuelle que celle dont nous avons été témoins, on ne peut faire la guerre avec avantage. Tandis que certains États, exposés au danger, s’épuisent jusqu’aux derniers efforts, d’autres, éloignés du péril et dans l’abondance, sont indifférents et négligents. Ce n’est pas ainsi qu’on peut mener énergiquement les opérations militaires. Il y faut l’effort de tous, le concours direct ou indirect.

« Donner cette autorité au congrès, c’est peut-être le moyen d’empêcher qu’on ait jamais à l’exercer, c’est amener une prompte et facile obéissance. Et, d’autre part, il est évident que si ce pouvoir était reconnu au congrès, rien ne le ferait agir qu’une désobéissance obstinée et les nécessités pressantes de l’intérêt public[1].

Je tenais beaucoup à vous faire cette citation ; je crois que rien n’est plus intéressant que de voir comment se forme un gouvernement, de voir les maux qu’entraîne l’absence du pouvoir, d’examiner de près comment des hommes de cœur ont pu tirer l’Amérique de cette anarchie, faire une constitution, établir un gouvernement qui a tous les avantages de l’ancienne confédération sans en avoir les inconvénients.

Il y a dans tout ceci une leçon pour nous. À première vue, il semble que cela ne nous touche guère ; au fond, cela nous touche beaucoup. Nous sommes fiers de notre unité nationale, et nous avons raison d’en être fiers, car deux fois elle nous a permis de

  1. Madison Papers, t. I, p. 48.