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tenue, les troupes françaises ont conquis le respect et la confiance des Américains. Il demande en outre des forces navales supérieures aux forces anglaises ; il dit qu’il faut transporter la guerre maritime en Amérique. La France, même à armes égales avec l’Angleterre, y lutterait dans des conditions bien plus avantageuses. Tous les ports de l’Amérique lui sont ouverts ; ses flottes y trouveraient des populations amies, des ressources de toute espèce, du bois, des cordages, etc. Mais, ajoute Washington, si Sa Majesté hésite, qu’elle nous envoie surtout de l’argent ; car, sans argent, il nous est impossible de nous relever, et cette campagne peut être la dernière de celles que fera l’Amérique.

En demandant à la France des vaisseaux, des troupes et de l’argent, ce que le général Washington demandait en réalité c’était un gouvernement. Ce qui manquait à l’Amérique, ce n’était ni le patriotisme ni le dévouement ; ce dévouement, ce patriotisme existaient ; mais l’anarchie des pouvoirs paralysait tout, tandis qu’une administration militaire et financière donnait ce gouvernement dont l’Amérique avait besoin pour ne pas périr.

Vous savez comment Louis XVI répondit à cette demande. Le roi envoya un subside de six millions, et garantit un emprunt de dix millions qu’on faisait en Hollande. En d’autres termes, c’était seize millions qu’on prêtait à l’Amérique ; mais le roi stipula que les fonds seraient mis à la disposition de Washington. On avait si peu de confiance dans le congrès, qu’on ne s’en remettait qu’au seul homme qui avait la sympathie uni-