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« Il ne m’appartient point de dire jusqu’à quel point cette négligence a été poussée ; mais comme il ne peut y avoir aucun mal à former un vœu pour le bien de sa patrie, j’émettrai celui-ci. C’est que chaque État, non-seulement choisisse ses hommes les plus capables, mais qu’il les oblige à se rendre au congrès, et qu’il leur recommande de rechercher avec soin les causes de tout ce qu’ont souffert l’armée et le pays. En un mot, je voudrais que les abus publics fussent réformés. Si cela n’a pas lieu, il n’est pas besoin d’être prophète pour prédire ce qui attend le régime actuel, et pour annoncer que tout le travail que font les États en rédigeant des constitutions particulières, en faisant des lois pour eux, en confiant leurs emplois à leurs plus habiles citoyens, n’aboutira pas à grand’chose. Si le grand ensemble est mal conduit, tous les détails seront emportés par le naufrage général ; nous aurons le remords de nous être perdus par notre propre folie et par notre négligence, ou peut-être par le désir de vivre à l’aise et tranquilles en attendant le succès d’une si grande révolution, tandis que ce succès devrait être le souci et l’œuvre des hommes les plus capables et les plus vertueux de notre monde américain.

« Il est fort à craindre, cher monsieur, qu’enfermés dans leur sphère, les États n’aient des idées très-inexactes du danger présent. Beaucoup de personnes éloignées du théâtre de l’action ne voient et n’écoutent que les écrits qui flattent leurs désirs ; elles pensent que la lutte tire à sa fin, et que tout ce qui reste à faire, c’est de régler le gouvernement et la police de leur État ; on doit désirer ardemment qu’un triste revers ne vienne pas les surprendre comme un coup de foudre. Je ne désigne aucun État en particulier, je n’en veux blâmer aucun. Le public croit (et si on le croit, le fait pourrait bien être vrai) qu’en ce moment les États sont mal représentés, et que les intérêts les plus grands, les plus importants de la nation sont très-mal défendus, soit par défaut d’habileté, soit par défaut d’assiduité chez les membres du Congrès, soit en