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don du congrès ; il se plaint que tous les hommes capables en sont sortis ; on se trouve dans une position étrange pour négocier en Europe. Le pays se décourage, la guerre ne va pas, l’étranger ne sait plus où prendre le gouvernement américain qui, en France, est tout entier dans la personne de Franklin ; l’Amérique se perd par ses propres divisions[1].

Quelque temps après, à la fin de 1778, au moment où les articles de confédération venaient d’être votés, nous retrouvons l’écho de cette lettre d’Hamilton dans une fort belle lettre de Washington à Benjamin Harrison, président de la chambre de Virginie, le père du général Harrison qui, devenu président des États-Unis en 1841, mourut au bout d’un mois de présidence, et fut remplacé par John Tyler.

Aujourd’hui j’aurai une ou deux lettres de Washington à vous lire ; j’aime mieux vous les lire que de vous en donner l’analyse, car rien n’est plus beau que l’éloquence de Washington. Le général n’est pas un écrivain de profession ; mais il y a en lui une telle puissance de bon sens, de patriotisme, de vertu, que véritablement on ne peut mieux faire que de lire les écrits de ce grand homme. Frappé comme Hamilton de ces divisions qui épuisaient le pays, il faisait appel au patriotisme américain, appel qui, par malheur, n’était pas entendu.

  1. Ticknor Curtis, History of the Constitution, t. I, p. 128.