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sur l’intérêt général ; et, par exemple, quand la Virginie fut envahie par Arnold, la Caroline du Nord garda ses milices, parce qu’elle pensait que charité bien ordonnée commence par soi-même. Il se passait alors en Amérique, au point de vue militaire, quelque chose d’analogue à ce qu’on a vu si souvent en France, à propos de la circulation des grains. Dès qu’on avait une disette, les populations se précipitaient pour empêcher les blés d’aller au dehors ; la famine générale sortait des précautions prises par les particuliers. De la même façon la Confédération fut souvent mise en danger par les précautions des États.

Même impuissance en fait de finances : le congrès avait le droit de battre monnaie, mais il n’avait pas un dollar à sa disposition ; il pouvait émettre des assignats, mais quand il les avait émis, ce n’était pas lui qui était chargé de les rembourser ; or les États ne se souciaient pas davantage de le faire, et on marchait à la banqueroute. Le Congrès pouvait emprunter au nom des États-Unis, et il le fit en Hollande et en France, au grand profit de l’Amérique ; mais il ne pouvait lever un dollar pour payer l’intérêt ni le capital. Avec un pareil système on ne pouvait avoir un long crédit.

Au dehors, le pouvoir du congrès n’était pas plus réel. On voit le congrès traiter avec la France et avec la Hollande ; mais le jour où un État de la confédération ne veut pas exécuter le traité, il n’y a pas moyen de l’y contraindre. Les États conservaient des droits de douane, établissaient des tarifs à l’intérieur : c’était une anarchie complète.