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qu’il faut pour constituer l’unité dans un État, et en même temps ce qui n’est pas nécessaire ; car, si l’Union a pu vivre dans les conditions qui ont fait sa grandeur en pleine liberté municipale, religieuse, politique, il n’est donc pas nécessaire que toutes les forces d’un pays soient entre les mains d’une seule assemblée ou d’un seul homme ; il y a donc une distinction à faire entre ce qu’il faut laisser au gouvernement et ce qu’on ne doit pas lui donner : c’est là l’enseignement qu’il faut demander à l’histoire ; au lieu de lui demander les faits et gestes des rois et des empereurs. Nous conter les galanteries de la cour d’Élisabeth ou de la cour de Louis XIV, c’est fort joli ; mais j’aime mieux les contes des fées : je les trouve plus moraux.

Quand elle étudie les institutions, l’histoire met à notre disposition la sagesse et aussi la folie de nos devanciers. C’est alors qu’elle prend son véritable caractère, et que la politique reçoit aussi le sien. L’histoire suit toutes les vicissitudes qu’ont traversées les peuples pour arriver aux institutions qui ont fait leur bonheur ; leurs fautes mêmes nous apprennent ce qu’il faut éviter. La politique a tout à gagner à ces études qui nous montrent comment la sagesse des peuples contribue à leur grandeur. C’est ainsi que l’histoire devient le plus utile des enseignements, et la politique une science véritable.

Je sais que ce n’est pas l’avis de tout le monde. Pour une certaine école qui admire Machiavel, la politique est l’art de tromper les autres à son bénéfice ; mais cette école a fait son temps. On trompe les autres pendant