Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Si vous voulez conserver l’indépendance particulière, disait Hamilton, voyez ce qui vous arrivera : les États se sépareront, il vous faudra des frontières ; nous deviendrons un pays divisé comme l’Allemagne ; il nous faudra de lourds impôts pour entretenir des armées, avoir des places fortes, des vaisseaux de guerre. Tandis que, si sur ce vaste continent nous établissons un gouvernement central, nous pouvons vivre avec une armée insignifiante, et fonder la plus grande république que les hommes aient jamais vue. » Voilà ce que disait Hamilton.

Jamais constitution n’a été faite avec plus de calcul que la constitution américaine ; rien n’y est dû au hasard. Voilà pourtant ce que les gens du Sud veulent détruire, sans s’apercevoir que la ruine du Nord serait la ruine du Sud.

L’Europe est condamnée à la division. L’histoire, un long passé, les différences de langues et de races nous ont toujours séparés. Cependant c’est l’effort constant de la civilisation de faire disparaître ces barrières ; et, quoiqu’on puisse dire qu’il y a folie à s’imaginer qu’elles pourront tomber un jour, pour moi, j’aime assez les fous qui nous montrent la paix universelle même en peinture. Mais l’Amérique a fait une œuvre admirable : l’Union, elle l’a créée, et il m’est impossible de ne pas dire que détruire l’Union est un acte aussi criminel qu’insensé.

Vous voyez quelle est l’utilité de ces études. Ce ne sera pas tout à fait nos institutions que nous étudierons, mais ce sera le même problème. Nous verrons ce