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en querelle perpétuelle avec la diète, cherchant partout le pouvoir et ne le trouvant nulle part, apprit un jour qu’il était relevé de ses fonctions. Dans la joie de sa délivrance il s’écria, je ne puis pas citer le mot exact, les diplomates ont des libertés de paroles que n’ont pas les professeurs : « Adieu, maudit pays de référendum ! » C’était le cri d’un captif qui retrouvait la liberté.

Depuis cette époque, la Suisse a constitué un pouvoir central et un pouvoir judiciaire, à l’imitation des États-Unis ; elle a pris pour modèle, depuis 1848, la constitution fédérale, et s’en est bien trouvée.

Vous voyez quel problème on eut à résoudre en 1787 : constituer le gouvernement, c’était constituer la nation et créer un peuple américain. Cette réforme, si admirablement faite, vous permet de juger ce que c’est que la révolution du Sud.

Je laisse de côté la question de l’esclavage ; mais le succès du Sud, au point de vue politique, ce serait la destruction complète de l’œuvre de Washington et de ses amis. Si le Sud réussit, il aura rétabli l’ancien principe, l’indépendance des États : ce sera d’abord la confédération du Sud opposée à la confédération du Nord ; mais après ? Puisque les dix États qui se sont séparés du Nord s’en sont séparés en vertu de leur propre indépendance, chacun des États aura le droit de se séparer à son tour de la confédération et de se constituer isolément ; en d’autres termes, ce sera la perte de l’Amérique ; ce sera l’Amérique se jetant tête baissée dans l’abîme dont l’ont tirée les patriotes qui ont fait la constitution.