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patriotes et de héros qui devaient défendre la jeune Amérique : Non sine Diis animosus infans[1].

« Dans cette foule qui encombrait l’auditoire, chacun me parut sortir, comme je fis, pour aller prendre les armes contre les writs d’assistance. Ce fut là la première scène et le premier acte d’opposition contre les prétentions arbitraires de la Grande-Bretagne. En quinze ans, de 1761 à 1776, l’enfant avait grandi, c’était un homme, il proclama sa liberté ! »

Aux élections de mai 1761, Otis fut nommé à la législature, quoiqu’il ne se fût jamais mêlé des affaires publiques ; dès ce jour, il eut des amis dévoués, et des ennemis qui ne lui pardonnèrent point.

Dans cette assemblée, il apporta sa fougue et son talent, secondé dans sa résistance contre le gouvernement par la jalousie patriotique de ses collègues. On peut juger de l’esprit public par le fait suivant :

En 1762, le gouverneur avait mis cinquante hommes sur le Manchester, sloop garde-côte, qui protégeait les pêcheries de Terre-Neuve ; on craignait une expédition française ; c’était une dépense de 72 livres sterling (1 440 francs).

En soi, le fait était insignifiant ; mais ce n’était pas le premier exemple de dépenses faites sans le vote de l’assemblée ; il y avait un principe engagé dans l’affaire,

  1. Allusion à la médaille d’alliance frappée à Paris, et dont l’idée fut donnée par Franklin. Sur la face, la tête de la Liberté : Libertas Americana. 4 juillet 1776.

    Au revers Hercule enfant qui lutte avec un Lion (l’Angleterre) ; il est défendu par Minerve (la France), qui couvre l’enfant d’un bouclier avec des fleurs de lis, sur lequel se jette le lion. La devise, fournie par sir William Jones, est : Non sine Diis animosus infans ; au-dessous est la double date : 17 octobre 1777 — 19 octobre 1781.