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« En troisième lieu, avec ce writ à la main, une personne peut entrer en plein jour dans toute maison ou boutique, suivant son caprice, et en forçant chacun à l’assister.

« Or, une des branches principales de la liberté anglaise, c’est la liberté du foyer. La maison d’un Anglais est sa forteresse ; tant qu’il y est tranquille, il y est aussi bien gardé qu’un prince dans son palais.

« Si vous déclarez que le writ est légal, vous anéantissez ce privilège. Des douaniers entreront dans nos maisons quand bon leur semblera ; on nous ordonnera de leur en ouvrir les portes. Leurs agents peuvent entrer, briser serrures, barres et tout ce qu’il leur plaît. Que ce soit malice ou vengeance, il n’importe ; ni tribunal, ni personne n’a droit de s’en inquiéter. Il suffit d’un soupçon, on ne demande même pas un serment[1].

«…On oppose, ajouta-t-il, je ne sais quels précédents, un ordre du Conseil, un statut ; mais un statut ne peut pas légitimer ces mandats généraux.

« Aucun acte du Parlement ne peut établir une semblable procédure. Un acte du Parlement contraire à la Constitution est nul de soi. »

De là Otis passa au fond de la question : avait-on le droit de taxer les colonies sans leur aveu ? Les Américains avaient accepté les Actes de commerce comme règlements de commerce, jamais comme impôts. C’est alors qu’il prononça (si l’on en croit Adams) le fameux mot : Impôt sans représentation, c’est tyrannie.

Ces paroles d’Otis mirent en feu l’auditoire ; la majorité des juges ne résista pas à l’émotion, elle était du même sang que l’avocat. Hutchinson recula devant celui qu’il appelait tout bas : le grand incendiaire des co-

  1. Life of James Otis, p. 66.