Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 2.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a perdu deux rois d’Angleterre, coûtant à l’un sa tête, à l’autre son trône[1].

Puis, passant à l’examen de ces mandats généraux, il dit, et ceci mérite toute notre attention :

« Dans les vieux livres de droit, au titre des justices de paix, Vos Seigneuries trouveront des précédents de warrants généraux pour fouiller les maisons suspectes. Mais, dans les livres modernes, vous ne trouverez que des mandats spéciaux afin de fouiller telle et telle maison spécialement désignée, et dans laquelle le complaignant a déjà juré qu’il suppose qu’on a caché les objets suspects. Vous verrez dans nos précédents qu’il n’y a de légal que des mandats spéciaux.

« Voilà pourquoi je déclare que le writ qu’on vous demande est illégal : il est général.

« C’est un pouvoir qui met la liberté de chacun de nous dans la main du plus petit commis.

« Je le répète, j’admets des mandats spéciaux pour fouiller certaines places désignées, mandats délivrés sur le serment de certaines personnes ; mais je n’admets point de mandat universel.

« Voyez la forme de celui-ci : il est adressé « à tous les juges, shériffs, constables et autres sujets, » c’est-à-dire à tous les sujets de Sa Majesté.

« Armé de ce writ, chacun peut devenir légalement un tyran, contrôler, emprisonner, tuer toute personne dans le royaume.

« Ce writ est perpétuel ; il n’y a point de date qui lui donne une échéance. Personne n’est responsable de l’usage qu’il en fait. Chacun peut s’assurer dans sa petite tyrannie et répandre autour de lui la terreur et la désolation, jusqu’à ce que la trompette de l’archange excite d’autres émotions dans son âme.

  1. Je suis dans ce résumé : Tudor. Life of Otis, p. 63 et suiv ; Bancroft, Amer. Rev., I, 474.