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Il y avait surtout un grand commerce avec les Antilles ; on y portait du bois de construction et du poisson ; on en tirait en échange du sucre, et surtout des mélasses qu’on distillait pour en tirer de l’alcool. C’est avec cet alcool qu’on faisait la traite des noirs, et c’est au moyen de la traite qu’on payait les marchandises tirées d’Angleterre. Toute l’industrie, toute la vie des plantations dépendait donc de ce commerce depuis longtemps toléré, et sur lequel Walpole et Pitt avaient fermé les yeux.

Un acte de l’année 1733, connu sous le nom d'Acte du sucre, avait établi un droit d’entrée dans les colonies sur ces sucres et mélasses ; la loi n’avait point été exécutée au Massachusetts, non plus que dans les provinces voisines ; le droit n’avait jamais été levé. L’ordre d’exécuter la loi effraya toute la colonie, « plus encore, écrivait le gouverneur Bernard, que la prise du fort William Henry et l’approche des Français en 1757[1]. »

Comment exécuter la loi ? c’était là le difficile. La procédure qui avait été réglée par des lois du règne de Charles II, lois douteuses[2], autorisait les collecteurs de douanes à poursuivre partout la fraude, et au besoin à entrer dans les maisons suspectes et à les fouiller. Cela se faisait, ou devait se faire, en vertu d’un generat warrant ou mandat général, qui ne spécifiait ni la maison suspecte, ni la personne dénoncée, ni l’objet fraudé.

C’est, je crois, ce qui existe encore aujourd’hui en

  1. Pitkin, I, p. 160.
  2. Life of Otis, p. 60, à la note.