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En 1760, Bernard étant gouverneur du Massachusetts (c’était un zélé défenseur de la prérogative royale), on reçut en Amérique un ordre du conseil, afin de faire exécuter strictement les Actes du commerce. Au besoin on devait s’adresser à la suprême judicature de la province pour en obtenir des mandats d’assistance ( Writs of assistance) à délivrer aux employés des douanes.

Quelques explications sont nécessaires pour faire comprendre la portée de cet ordre du conseil. Quand on écrit l’histoire de la Révolution française, on n’a point besoin de ces détails ; c’est toujours pour une idée, pour un principe, quelquefois pour un mot qu’on se querelle ; chez les Anglais, c’est toujours pour un droit. En France, c’est le pays, c’est un parti qui se soulève. En Angleterre ou en Amérique, c’est un individu qui attend le moment où son intérêt est lésé pour demander justice, la loi à la main. Chez nous, c’est dans les Chambres qu’on discute ; on remue des questions générales qui agitent tous les esprits généreux de l’Europe (là est le secret de notre influence) ; chez les Saxons, on s’adresse à un tribunal, et on plaide. Le théâtre est moins grand, la question n’est pas moins importante ; si l’on s’y dispute avec une éloquence moins solennelle, on ne s’y bat ni avec moins d’acharnement ni avec moins de succès.

Les Actes de commerce constituaient le monopole au profit des marchands et négociants anglais ; c’était à eux que la loi réservait tous les transports et toutes les fabrications. Ces Actes, on ne les exécutait pas dans la Nouvelle-Angleterre, car, à y obéir, on n’eût pas vécu.