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« Je suis né et je mourrai monarchique, disait un des parvenus du nouveau règne, lord Melcombe ; les gens de la Cité n’ont point à nous demander compte de ce que nous faisons ; nous leur enseignerons de meilleures manières, ils en ont besoin[1]. »

« C’est Dieu, disait Barrington, qui a donné au roi la prérogative ; il a laissé aux sujets la gloire de l’obéissance[2]. »

Raisonner ainsi, ressusciter les idées et les mots de Louis XIV, c’était oublier qu’on vivait chez le peuple qui avait fait la révolution de 1688 ; mais si, en Angleterre, on souffrait de pareilles folies, en Amérique, et surtout dans la Nouvelle-Angleterre où dominait le vieux sang puritain, où les institutions étaient républicaines, on en était resté à Locke, et on ne comprenait que la liberté.

Malheureusement les ministres anglais n’avaient plus besoin du bon vouloir des colons, depuis que la paix était assurée ; et, dans leur infatuation, ils ne songeaient qu’à les réduire à la commune sujétion. Comme ils n’avaient aucun plan arrêté, ils écoutaient volontiers les faiseurs de projets. Les évêques voulaient établir l’épiscopat et planter au delà des mers la hiérarchie religieuse, de façon à installer sinon l’uniformité, au moins la domination d’une Église privilégiée ; des politiques, comme le gouverneur Bernard, parlaient de ramèner à la forme d’un gouvernement royal les gouvernements de Charte et les gouvernements de propriétaires ; ils rê-

  1. Bancroft, Amer. Rev., I, 471.
  2. Bancroft, Ibid.