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qu’un tiers du pouvoir législatif, tandis qu’ici on lui donnait déjà la moitié. En allant plus loin, on serait virtuellement taxé par un congrès de gouverneurs ; ce ne seraient plus les citoyens qui voteraient librement l’impôt ; la condition essentielle de la liberté anglaise serait violée. Au contraire, avec le système proposé, le grand Conseil était la représentation des législatures, le principe était respecté.

Quant à l’impôt qui devait fournir aux dépenses générales, on pensa à un droit sur les alcools et à un droit de timbre ; c’est-à-dire à des taxes indirectes et qui n’affectassent pas la propriété.

L’union votée, l’œuvre était loin d’être achevée ; on avait réservé le droit du parlement anglais et la ratification des assemblées ; on se trouvait en face de la métropole et des Colonies, deux puissances également jalouses de leur souveraineté ; des deux côtés le projet échoua.

En recevant les minutes du Congrès, le bureau du commerce fut étonné de voir un plan complet de gouvernement ; à Londres, on n’avait nulle envie de fonder un empire américain. C’était un projet trop démocratique qu’on ne voulut point soumettre au roi ; on le remplaça par un autre projet où l’on ne tenait aucun compte des libertés coloniales. C’étaient les gouverneurs des Colonies qui, avec un certain nombre de leurs conseillers[1], devaient se réunir, lever des troupes, construire des forts et tirer sur le trésor de la Grande-Bretagne pour la dépense, qui plus tard devait être remboursée

  1. En certains États c’était le peuple qui nommait le Conseil ; en d’autres, c’était le gouverneur.