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faits prisonniers ; Washington en ce moment n’avait pas plus de quarante hommes avec lui.

La vengeance ne se fit pas attendre ; cinq cents Français, soutenus par des Indiens et conduits par le capitaine Villiers, frère de Jumonville, se portèrent sur le fort Necessity, où s’était retiré Washington, et l’attaquèrent avec fureur. Washington fut obligé de traiter ; il obtint de se retirer en Virginie avec ses troupes, en signant une capitulation écrite en français, et qui portait « que M. Villiers, chargé de venger l’assassin commis sur un officier français porteur d’une sommation et sur son escorte, voulait bien accorder grâce à tous les Anglais qui étaient dans le fort. »

Cette capitulation, rédigée en pareils termes, est restée comme une épine dans la chair des Américains ; c’est une ombre sur la gloire du héros. On a prétendu que l’interprète avait trompé le jeune Washington, qui ne savait pas le français ; je crois que cette excuse n’est pas nécessaire ; il est probable qu’il eût suffi de savoir ce que signifiait en canadien le mot d'assassin, qui peut-être est synonyme de meurtre. D’ailleurs l’assassinat était involontaire : Washington n’aurait point tiré sur un parlementaire, s’il l’avait reconnu.

Ce coup de fusil, tiré dans les déserts du Nouveau Monde par un officier inconnu, alluma, comme une traînée de poudre, une guerre universelle, qui tourna tout à l’avantage de l’Angleterre. Je veux parler de la guerre de Sept ans.

C’est à ce moment que, dans la crainte d’une guerre avec la France, guerre qu’il était d’autant plus facile de