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secondé par Pownall, et par tous les gouverneurs de province. Pownall et Franklin sentaient qu’il y avait un moyen sûr de se délivrer de nous et de nous repousser : ce n’était pas en se battant, c’était en colonisant. C’est ainsi que grandissaient les colons anglais ; tandis que nous courions les bois, ils défrichaient, plantaient et multipliaient. Ce n’était pas au fusil que restait l’avantage, c’était à la cognée.

« Il est certain, disait Pownall, dans un Mémoire présenté au duc de Cumberland en 1756[1], que nous avons toujours fait reculer les Français et que nous avons chassé les Indiens du pays, bien plus en colonisant qu’en combattant ; et que partout où nos établissements ont été faits sagement et complètement, les Français n’ont pu nous faire reculer, ni par eux-mêmes, ni par leurs chiens de guerre, les Indiens.

«… Un établissement (dans la vallée de l’Ohio) non-seulement finira par payer ses dépenses, mais nous rapportera tout autant qu’aucune autre colonie ; il donnera de la force et de l’unité à notre empire d’Amérique, et nous assurera la possession du pays. Mais par-dessus tout la chose est nécessaire. Les plantations anglaises sont à bout ; elles sont colonisées jusqu’aux montagnes. »

Du droit et de la possession des Français, il n’en est pas question. Pownall et Franklin ne parlent que des droits anglais. Ces droits reposent sur des chartes qui donnaient en général le pays d’une mer à l’autre ; c’est-à-dire des terres qu’on n’avait même pas vues.

  1. Pownall, Adm. of the Colon., t. II, p. 229. Il dit lui-même que ce Mémoire a été rédigé sur des notes envoyées en 1754 et 1755 au comte d’Halifax.