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aux projets de Nicholson. Les Anglais n’ont aucun goût pour cette centralisation et cette uniformité qui font la passion des gouvernements d’Europe, chez les peuples imbus des idées latines. À quoi bon établir des vice-royautés à l’espagnole ? Le règne des lois suffisait.

Ce qui a une tout autre importance que ces premiers essais, c’est le Congrès qui se tint à Albany en 1754, et le projet d’union présenté par Franklin. Ce projet échoua devant les jalousies coloniales et les craintes de la métropole, mais l’idée n’en fut point perdue ; elle devait renaître vingt ans plus tard. Le premier plan de confédération ressemble fort au projet de Franklin.

Avant de parler de ce projet, disons d’abord quelles causes l’avaient amené. C’est un souvenir douloureux pour des Français : car nous jouons le grand rôle dans cette affaire ; c’est contre nous que la première confédération fut proposée et préparée par Franklin.

En 1753, nous étions maîtres non-seulement du Canada et de la Louisiane (et la Louisiane à cette époque était à elle seule un monde inconnu), mais encore de cet immense pays qu’on appelle aujourd’hui le Far-West, et qui est destiné à devenir le plus grand pays agricole, le plus grand État que l’histoire aura vu, la Chine exceptée. Nous avions reconnu et descendu l’Ohio, la belle rivière ; nous avions établi soixante fortins le long des lacs, et à ne considérer que le droit de possession et de premier établissement, ce magnifique pays était à nous. Nos missionnaires, nos soldats, nos coureurs de bois, l’avaient découvert et