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Tous les ans on devait tenir un Congrès, où chaque Colonie déléguerait deux commissaires, avec pouvoir de délibérer sur la paix et la guerre, et sur tous les points d’intérêt commun. Toute décision, adoptée par la majorité des trois quarts, obligeait la Confédération[1].

Cette association, visiblement empruntée de la république des Provinces-Unies, le grand modèle de l’époque, est le premier germe d’essais successifs qui devaient amener enfin la confédération pendant la guerre de l’indépendance, et l’union après la paix. On y sent déjà une prudence jalouse, qui est sensible dans la constitution des États-Unis ; chaque colonie veut conserver sa souveraineté intérieure, et avec raison, car cette indépendance municipale est une des meilleures garanties de la liberté.

À la suite de cet accord, les Colonies de la Nouvelle-Angleterre agirent, de fait, comme États indépendants, durant près de quarante années. La guerre civile qui déchirait l’Angleterre ne permettait guère de s’inquiéter de ces plantations perdues dans le désert, et à peine peuplées. On laissa donc la Confédération se mouvoir en toute liberté dans une sphère des plus étroites ; on avait peu à se mêler de ses guerres avec quelques tribus indiennes ; ce fut seulement en 1686 qu’elle disparut, quand Jacques II fit annuler les chartes de la Nouvelle-Angleterre, et remplaça ces libres gouvernements par une commission qui tomba avec lui[2].

  1. Kent, Commentaries on American Law, I, 202.
  2. Kent, ibid., p. 203.